Des morts mystérieuses ont lieu à New York. Il semble que ces décès soient liés à un site Internet mystérieux, appelé "terreurpointcom"...
Le réalisateur William Malone a d'abord commencé comme accessoiriste,notamment dans le domaine du film fantastique. Puis, il a tourné son premierlong métrage Scared to death (1982), un film de serial killer mêlantépouvante et science-fiction. Anticipation et horreur sont aussi les deuxéléments-clés de Creature (1985), son oeuvre suivante, trèsinfluencée par Alien (1979). Malone se consacre ensuite essentiellementà la télévision, tout en gardant une préférence pour l'horrifique. Lorsque le producteur Joel Silver (Matrix (1999)...) et leréalisateur Robert Zemeckis (Retour vers le futur (1985)...) s'associentpour créer la compagnie Dark Castle, spécialisée dans l'épouvante, ils luiconfient la réalisation de leur première production : La maison de laterreur (1999). C'est un beau succès. Malone se retrouve ensuite àtravailler sur son nouveau projet : Terreur point com. L'histoire dedépart est rédigée par le producteur Moshe Diamant, crédité commeproducteur exécutif sur Créature, et qui perça surtout dans le domainedu film d'action costaud, comme les Van Damme Timecop (1994), Le grandtournoi (1996)... Le Luxembourg proposant des conditions financièrementtrès incitatives pour les tournages, on décide d'y filmer Terreur pointcom (citons, comme autres productions fantastiques internationales à avoirchoisi ce duché comme lieu de tournage : La malédiction de la momie (1998)de Russell Mulcahy, Dog soldiers (2002)...). Terreur point com se tourne pour unbudget très confortable de presque 50 millions de dollars. On y trouve desacteurs d'envergure internationale : Stephen Dorff (Blade (1998), CecilB. Demented (2000) de John Waters...) et Natascha McElhone (Ronin (1998)de John Frankenheimer, Solaris (2002) de Steven Soderbergh...), ainsi quedes vedettes chères aux amateurs de fantastique : Jeffrey Combs (Re-animator(1985) de Stuart Gordon...) et Udo Kier (Chair pour Frankenstein(1974)...).
Terreur point com se présente en premier lieu comme un thriller deserial killer, dans le style de Seven (1994), dont on retrouve tous lesponcifs. Ville pluvieuse et déprimante, architecture oppressante,photographie délavée, serial killer cultivé et insaisissable, ambiance defilm noir... L'inspecteurReilly est hanté par son incapacité à retrouver le "Docteur", quile nargue et joue avec lui. Ce tueur a d'ailleurs des prétentions artistiques et faitpreuve d'une grande imagination dans les supplices cruels qu'il fait subir àses victimes, ainsi que dans leur mise en scène.
Tout cela est rehaussé par une intrigue parallèle liée au site"Terreurpointcom", développant l'idée d'un site hanté,c'est-à-dire l'utilisation plutôt inattendue d'une technologie moderne par unspectre (en général, les fantômes sont plutôt associés à des objets trèsanciens). Difficile de ne pas penser à Ring (1998) de Hideo Nakata, avecsa cassette maudite, d'autant plus que les victimes du site spectral meurenttout juste 48 heures après l'avoir consulté (dans le film japonais, le délaide la mort était de 7 jours après avoir vu la vidéo). Les visions étrangesde la petite fille accompagnantles décès renvoient aussi très fortement à Ring (ainsi qu'à Opérationpeur (1966) de Mario Bava ou Shining (1980) de Kubrick...). Un despoints intéressants soulevé par le scénario de Terreur point com estle nouveau rapport au voyeurisme que pose Internet, où les contenus les plusviolents (voire snuff) sont disponibles sans réel contrôle, ni réglementation.Le fantôme va alors s'en prendre à tous les visiteurs de son site, qu'ilconsidère comme des voyeurs sadiques en puissance, dignes de subir unchâtiment exemplaire.
Hélas, cette idée est noyé dans les emprunts trop flagrants faits à d'autresfilms et, surtout, dans les défauts indéniables de Terreur point com.Le récit fait bien illusion dix minutes. Mais, hélas, cette enquête souffre desa banalité, d'un rythme lancinant, et, parfois, d'une structure chaotique (au vudu montage de certaines scènes, il est permis de croire que les exactions du"Docteur" sont diffusées sur Terreurpointcom, ce qui n'est pas lecas...). De nombreuses fausses pistes (le livre sur Internet par exemple...),assez vaines, alourdissent encore inutilement ce récit laborieux. Dans lalignée de Seven et The crow (1994), Terreur point com tented'exploiter visuellement une esthétique néo-gothique, mêlant élémentstraditionnels de l'épouvante (orage, ruines, érotisme macabre, photographieléchée...) à des imageries contemporaines (bondage, fétichisme médical,architecture urbaine du vingtième siècle...). Cette stylisation à outranceaboutit, hélas, à un résultat rapidement écœurant. La réalisation trèsfouillis de Malone et la gratuité de nombreux effets (changement de textures del'image, flash, accéléré...) tapent rapidement sur les nerfs du spectateur,mais ne l'angoisse jamais. Les enchaînements d'images (vaguement) chocs ne sont guère pluseffrayants qu'un clip de MarylinManson...
On ressort de Terreur point com avec un sentiment de gâchis. Il estnotoire que William Malone est un passionné de cinéma fantastique, historienet collectionneur dans ce domaine. Il a a bénéficié ici d'un budgetimportant, d'un casting très solide, d'un récit contenant quelques idéesintéressantes et des maquillages (toujours excellents) de l'équipe KNB.Hélas, la confusion et la lenteur de la narration, la réalisation banale et,surtout, la laideur systématique et horripilante des séquences fantastiques font tourner l'entreprise au naufrage. A sa sortie aux USA, Terreur point com,largement distribué par Warner, est un échec public et critique cinglant. Ilsort en France avec presque un an de retard sur les États Unis, à une datecommercialement suicidaire (la semaine suivant la fête du cinéma).
Bibliographie consultée :